En 1958, la situation politique de la Guinée ne permettait plus à Maxime Lamotte de poursuivre ses recherches dans le Mont Nimba. Avec Jean-Luc Tournier, qui avait été le responsable de la station-laboratoire construite au pied du Nimba, il cherche en 1961 un site en Côte d’Ivoire. Près du fleuve Bandama, dans la région dePakobo, les savanes à Palmier Rônier lui conviennent. Un financement du CNRS tombe à pic. Le Président de la République de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny, accorde son patronage. Début 1962, un bâtiment sur pilotis de la Compagnie des Scieries Africaines, un « SCAF », est construit. Les recherches démarrent, avec Yves et Dominique Gillon, qui mettent en œuvre un ambitieux programme de relevés quantitatifs de la faune de savane (d’où les dizaines de milliers d’araignées dont j’ai bénéficié pour ma thèse). Ce sera le début d’une aventure scientifique qui s’inscrira dans l’ambitieux Programme Biologique International, visant à l’étude quantifiée des grands types d’écosystèmes de la planète.

La responsabilité de la station, agrandie par la construction d’un SCAF 2 et d’autres bâtiments, fut bientôt assurée sur place par Roger Vuattoux, auteur d’une monographie sur l’écologie du Palmier Rônier, puis d’études sur l’évolution de la savane en l’absence de feux et sur la biologie des papillons.

Des centaines de chercheurs et étudiants, au fil des décennies, ont animé la Station. Je garde le souvenir des repas dans la salle commune, entre discussions scientifiques et franches rigolades. La vie en commun, le terrain partagé, ont joué un grand rôle dans la formation de « l’école de Lamto », une expérience exprimée avec sensibilité par Patrick Lavelle – le spécialiste des vers de terre – lors de sa participation à l’hommage rendu à la mémoire de Maxime Lamotte par la Société Zoologique de France en 2008.